Du 17 octobre 2020 au 28 février 2021, le Musée des Beaux-Arts de Taïwan présente sa septième édition de la Biennale d’art contemporain, curatée par l’artiste Jui-Chung Yao (姚瑞中) et intitulée « Subzoologie ».
Ayant pour point de départ la doctrine bouddhiste sur la réincarnation de l’Homme en une autre entité vivante, cette Biennale met à l’étude les rapports entre l’Homme contemporain et l’animal. Victime du développement urbain, du dérèglement climatique, de l’élevage intensif, ou encore de son statut juridique l’assimilant à un objet, l’animal n’est pas épargné en ces temps d’Anthropocène. Dans le contexte de montée de la cause animale dans nos sociétés, une autre relation est-elle possible ?
Quarante-neuf artistes répondent à la question, répartis selon huit thématiques, dont : « Sacrifice et Salut », « Histoire non officielle du trafic des espèces sauvages », « Portrait de héros inconnus », « Laboratoire / salle d’opération / salle des spécimens »… Autant de points de représentations de l’animal, comme héros de guerre, victime d’expérimentations scientifiques, objet de loisirs ou encore de sacrifice au nom de croyances.
La « subzoologie », terme inventé pour cet évènement, interroge l’omniprésence de l’Homme sur Terre et son impact sur le vivant et le non-vivant. L’exposition ne se contente pas de porter un regard auto-critique mais entend faire émerger des alternatives et des univers utopiques inspirants.
De l’installation de l’artiste Li-Chung Lee sur l’étude du rôle des pigeons durant la Seconde Guerre mondiale, à la condition des chiens errants de Taïwan à travers les photographies de Yun-Fei Tou ou encore des huiles sur toiles proposées par l’artiste Pei-Mao Sun sur le statut des animaux dans les zoos, les médiums et objets d’études se croisent et se répondent.
Des expositions collatérales enrichissent cette biennale, dans des espaces d’art, au musée d’écologie marine de Taichung ou encore au parc culturel de Daan Matsu. Parmi elles : « Zoo des formes inversées : l’Autre Ultime pour imaginer l’Humanité », « Métamorphises technologique », « Acid House », ou encore « Post-Anthropocène » …
Le militantisme et la réflexion en faveur d’une nouvelle relation entre humains et non-humains, pourtant très présents dans la société, sont encore peu relayés par l’art. C’est chose faite ici dans cette Biennale, qui prend part à cet enjeu, qui convie au final le bouddhisme et sa règle de « ne pas tuer » comme solution morale tangible : le commissaire propose l’extension de ce principe à tous les animaux.
Alice Audouin et Marie Leprêtre
Novembre 2020
Crédit : Peng Yi-Hsuan, « The smell of the sunshine », 2020, courtesy of the artist / Lee Li-Chung, « Achive photo of military pigeon wreckage », 2020, courtesy of the artist
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