La foire Art Paris a réuni 130 galeries d’art moderne et contemporain du 7 au 10 avril 2022 au Grand Palais Ephémère. Cette foire, dirigée par Guillaume Piens et organisée par la société France Conventions, a profité de son 25ème anniversaire pour prendre un tournant fort en matière d’engagement environnemental. Outre la mise en valeur du thème de l’environnement dans le travail des artistes, elle a souhaité repenser la production de l’événement, dans le but de réduire son impact.

Sautant la case du « bilan carbone » déjà plébiscité dans le secteur, Art Paris a choisi de miser d’emblée sur une méthode plus complète : l’éco-conception (qui vise à réduire les impacts environnementaux d’un produit ou d’un service tout au long de son cycle de vie depuis l’extraction de matières premières jusqu’à son élimination en fin de vie). 

L’agence Karbone Prod, fondée par Fanny Legros (ex-directrice de la Galerie Jérôme Poggi à Paris) et le cabinet Solinnen, dont le cofondateur et ingénieur centralien Philippe Osset est un pionnier de l’éco-conception depuis 30 ans, en partenariat avec l’association Art of Change 21*, ont mis en place la démarche d’éco-conception d’Art Paris et ont réalisé l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) de la foire, une première dans le monde des salons d’art.

 

Les impacts pris en compte par l’Analyse du Cycle de Vie

A partir de première analyse de cycle de vie de l’édition 2021, 40 actions ont été mises en place en un temps record pour donner à l’édition de 2022 des résultats probants. 

Art Paris vient de publier les résultats obtenus par cette démarche, entre 2021 et 2022 :

Une baisse de presque de moitié de ses déchets, ceux-ci passant de 25,1 tonnes à 13,6 tonnes, soit une réduction de 45,8%

Une baisse de sa consommation électrique de 37,2% (61 666 Kwh en 2021 contre 38 691 Kwh en 2022)

Une réduction de l’empreinte carbone :  80 791 KgCO2eq en 2021 contre 64 217 KgCO2eq en 2022

Douze tonnes de matériaux ont pu être réemployées ou valorisées en 2022 parmi lesquels le coton gratté recouvrant les cimaises de la foire , soit 3,7 tonnes transformées en matériau isolant pour le bâtiment par l’entreprise Minot recyclage (Lille) et la moquette du Salon, soit 4,2 tonnes a été récupérée par la société ArtStock – Celle-ci étant revendue à prix solidaire pour des organisations ou des personnes en ayant l’utilité.

 


Une restauration sans viande et sans bouteilles en plastiques ont également été mises en place, des actions qui peuvent paraître symboliques mais qui démontrent un changement de paradigme.

Pour Fanny Legros, « L’ACV permet de rentrer dans le détail de la production d’une foire d’art et de repenser les process dans leur ensemble et de manière circulaire ». Pour Guillaume Piens, « Il était indispensable pour nous de prendre des mesures immédiates et concrètes pour éviter tout greenwashing dès les résultats de l’analyse de cycle de vie ».

Cette démarche pionnière a bénéficié du soutien financier de l’ADEME, l’Agence de la transition écologique et vise à plus long terme au développement d’un outil d’éco-conception pour les foires d’art.

Si le périmètre n’incluait pas les transports des oeuvres ni des visiteurs, ce premier pas démontre qu’agir en matière d’environnement permet d’obtenir des résultats encourageants rapidement. Les foires d’art prennent enfin leur part dans la transition écologique de la culture…il était temps.

*éditeur d’Impact Art News

Alice Audouin

Impact Art News, Mai / Juin 2022