La forêt s’impose aujourd’hui comme un thème d’exposition à part entière dans le champ de l’art contemporain et plus seulement dans les muséums d’histoire naturelle.
L’année dernière, la Fondation Cartier à Paris accueillait une exposition d’une envergure inédite sur le thème de la forêt, « Nous les arbres » (12 juillet 2019 – 5 janvier 2020), rassemblant une multiplicité de regards à la fois de scientifiques, de peuples premiers et d’artistes contemporains. Au même moment à Paris, le Musée Zadkine offrait également « Le Rêveur de la Forêt ». L’immense succès de la thématique à Paris ne put se confirmer à Londres compte tenu de la pandémie, avec l’exposition « Among the trees » (« Parmi les arbres ») à la Hayward Gallery (1 août – 31 octobre 2020) qui réunissait 37 artistes internationaux sur la même thématique.
En 2021, la forêtmania continue. L’exposition de la Fondation Cartier sera présentée au Power Station de Shanghai de juillet à octobre 2021. Cette étape asiatique sera enrichie par des œuvres d’artistes chinois.
L’exposition collective « Im Wald » (« En forêt ») à la Kunsthaus de Grenchen en Suisse, réunit depuis début mars une dizaine d’artistes (dont Julian Charrière) autour de la présence de la forêt dans la société, la révélant à la fois comme source de paix, de terreur, de profit…
La forêt comme lieu d’imaginaire se retrouve également dans les installations réalisées en carton d’Eva Jospin, exposées depuis le 13 mars au musée Het Noordbrandts aux Pays-Bas.
L’exposition « Tree story » au MUMA (Monash University Museum of Art) de Melbourne en Australie, ouverte depuis le 6 février, rassemble des artistes australiens et internationaux (Janet Laurence, Agnes Denes, Daniel Steegmann Mangrané, Reena Saini Kallat, Katie Paterson…) sur ce que nous pourrions apprendre des arbres. Figure centrale de cette exposition, Janet Laurence se consacre aujourd’hui à la renaissance de la forêt australienne après les grands incendies. Cette exposition se complète d’une série de podcasts.
Crédits : Alex Hanimann, Trapped (Reh), 2018, ©Alex Hanimann, gracieuseté de Galerie Skopia, Genève / Erwin Olaf, Im Wald, 2020
Depuis le 31 octobre, « Tree Time » au Musée des Sciences de Trente en Italie invite à renouveler notre relation avec les forêts dans un contexte de dérèglement climatique. Les œuvres de 20 artistes internationaux (dont The Harrison Studio, Ursula Biemann, Sam Falls…) sont mêlées à des analyses historiques et scientifiques.
Cette dimension plus politique se retrouvera aussi à Berlin. Durant sa résidence en 2020 au Graupius Bau, l’artiste et environnementaliste hongkongais Zheng Bo s’est demandé de quelle manière les plantes font de la politique. Son exposition « Wanwa Council » qui ouvrira en juin, apportera le résultat de ses recherches, dont la série « Drawing Life » de dessins d’arbres et de plantes sauvages. L’exposition s’étendra du Gropius Bau au « Gropius Wood », terme créé par l’artiste pour désigner une communauté de platanes proche du bâtiment.
Du côté des galeries, « Im Wald » (« En forêt ») est le titre de l’exposition du photographe hollandais Erwin Olaf à la galerie Galerie Ron Mandos d’Amsterdam. Depuis les Alpes, l’artiste fustige l’hubris qui caractérise les relations entre l’homme et la nature. Giuseppe Penone rend actuellement hommage à Walt Whitman avec « Leaves of Grass » (du nom d’un recueil de poèmes publié en 1855) à la galerie Marian Goodman à New-York, avant sa grande exposition personnelle à la BNF à Paris. « The Many Voices of Trees » de David Nash témoigne de 50 ans de relations avec les arbres à la galerie Lelong (temporairement fermée) à Paris. La Stephen Friedman Gallery de Londres expose Luiz Zerbini dont le travail s’inspire des forêts primaires Brésiliennes.
L’espace public s’impose également comme lieu d’intervention artistique sur le thème des forêts. Après le choc en 2019 de « FOR FOREST, the Unending attraction of nature », un stade de football entièrement rempli d’une forêt, concrétisant un avenir dystopique où les forêts pourraient être réduites à n’être qu’un spectacle ou un zoo, c’est au cœur de sa ville de Bâle que Klaus Littmann agira au printemps 2021, avec « Arena for a Tree ». Un seul arbre sera planté, choisi pour ses qualités de résistance au réchauffement climatique. Il mène cette action en écho à une grande exposition au KBH.G de la même ville, « Tree Connection », dédiée une fois encore au thème de la forêt, avec principalement des artistes des 19ème et 20ème siècles.
De son côté, Es Devlin, la directrice artistique de la prochaine Biennale de Design de Londres au thème éloquent « Can we design a better world ? » plantera en juin prochain une forêt de 400 arbres dans la cour de la Somerset House. Ce projet appelé « Forest for Change » entend sensibiliser aux Objectifs du Développement Durable de l’UNEP, et répond à un désir de faire entrer les arbres dans la cour de Somerset House qui les avait interdits à la conception du bâtiment… il y a 250 ans !
Pauline Lisowski et Alice Audouin
Le rêveur de la forêt, Musée Zadkine, Paris, 27 septembre 2019 – 23 février 2020
Nous les arbres, Fondation Cartier, Paris, 12 juillet 2019 – 5 janvier 2020
Among the trees, Hayward Gallery, Londres, Angleterre, 1 août – 31 octobre 2020
Im Wald, Kunst haus, Grenchen, Suisse, 6 mars – 18 juillet 2021
Tree Time, MUSE – Science Museum of Trento, Italie, 31 octobre 2020 – 30 mai 2021 (exposition temporairement suspendue)
Eva Jospin: Paper Tales, Het Noordbrabants Museum, Pays-Bas, 13 mars – 19 septembre 2021
Tree Story, Monash University, Museum of Art, Australie, 6 février – 10 avril 2021
Wanwu Council 萬物社, Zheng Bo, Museums portal, Berlin, Allemagne, 21 juin – 12 septembre 2021
Exposition personnelle de Giuseppe Penone, Galerie Marian Goodman, New-York, 9 mars – 17 avril 2021
Luiz Zerbini: Fire, Stephen Friedman Gallery, Londres, 13 avril – 15 mai 2021
Im Wald, Erwin Olaf, Galerie Ron Mandos, Amsterdam, Pays-Bas, 10 avril – 23 mai 2021
The Many Voices of the Trees, David Nash, Galerie Lelong, Paris, 11 mars – 30 avril 2021
Tree Connections, Kulturstiftung Basel H. Geiger, Bâle, Suisse, 11 mai – 11 juillet 2021
London Design Biennale 2021, 1 – 27 juin 2021
Mars 2021
Crédits : Cecylia Malik, 365 Trees, 2009/2010, Tree Time, Muse, Italie / David Nash, gracieuseté de Galerie Lelong & Co.
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