Biocenosis21 est une exposition internationale d’art contemporain sur le thème de la biodiversité, organisée par Art of Change 21 au sein du Congrès mondial de la nature de l’UICN et à La Traverse, en septembre prochain à Marseille.

Curatée par Alice Audouin, fondatrice d’Art of Change 21, elle rassemble Marie-Sarah Adenis, Art Orienté Objet, Thijs Biersteker, Julian Charrière, Marcus Coates, Abdessamad El Montassir, John Gerrard, Jérémy Gobé, Caroline Halley des Fontaines, Camille Henrot, Janet Laurence, Lin-May Saeed, Tomás Saraceno et Michael Wang.

La France accueille du 4 au 11 septembre 2021, au Parc Chanot à Marseille, le prochain Congrès mondial de la nature de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Organisé tous les quatre ans, c’est le plus grand rendez-vous mondial sur la biodiversité. Le Congrès réunit les meilleurs experts internationaux, mais aussi des pays, institutions, entreprises, pour dresser un état des lieux détaillé de la biodiversité, sensibiliser le grand public et obtenir des engagements internationaux ambitieux. Cette édition particulièrement attendue intègre pour la première fois l’art contemporain, sur la volonté de l’Office Français de la Biodiversité, avec l’exposition Biocenosis21.

La biocénose (terme introduit dans le langage scientifique en 1877 par le biologiste allemand Möbius) aussi appelée communauté, correspond à l’ensemble des êtres vivants (animaux, végétaux, champignons, bactéries, etc.) établis dans un même lieu de vie et liés par une dépendance réciproque. À l’heure où la biodiversité s’effondre face à la destruction des espaces naturels et au réchauffement climatique, Art of Change 21 active une biocénose artistique au cœur du biotope marseillais, autour des enjeux du 21ème siècle. Ensemble, les artistes font communauté pour provoquer des émotions, des échanges, des idées et de l’engagement.

Biocenosis21 réunit 14 des artistes français et internationaux les plus inspirants et engagés sur la biodiversité et donne carte blanche à Photoclimat.

L’exposition permet aux visiteurs de voir, de ressentir, de comprendre autrement les enjeux de la biodiversité et du réchauffement climatique, et met en scène une relation entre humains et non-humains, porteuse d’espoir. Les artistes sélectionnés ne se contentent pas d’être simplement inspirés par la nature, ils sont aussi des chercheurs, des activistes et activateurs de solutions.

Biocenosis21 intègre l’éco-conception dans sa démarche. Sélection d’artistes dans une même zone géographique, groupage des transports, solutions d’impressions plus écologiques, déplacement des artistes et des équipes en train, comptent parmi les principes appliqués dans l’organisation de l’exposition, avec le conseil éclairé de l’agence Karbone, fondée par Fanny Legros, également membre d’Art of Change 21. Un bilan environnemental de l’exposition sera publié, comprenant son bilan carbone.

Les différentes facettes de la biodiversité abordées dans les œuvres

Les choix énergétiques, la croissance démographique et les activités économiques, engendrent depuis l’ère industrielle une pression et aujourd’hui une destruction de la biodiversité, et pourtant, l’humain n’y change rien et continue sa course, comme la série Not Clean Yet de Camille Henrot le montre avec humour.
Pourtant, un mouvement émerge, porteur d’espoir. Les artistes sont au cœur de cette dynamique de renversement d’un monde devenu contre-productif, en le dénonçant et en ouvrant la voie vers une autre relation au vivant, non seulement plus éthique et responsable, mais plus coopérative et bienveillante. Les artistes placent le « care », l’empathie et la connaissance dans une nouvelle relation aux non-humains. L’artiste américain Michael Wang prend soin des espèces qui n’existent plus à l’état sauvage mais uniquement au sein d’activités humaines (laboratoires, cultures, aquariums…) dans sa série Extinct in the Wild. Art Orienté Objet secourt un kangourou accidenté par une voiture dans Pieta Amazonia. L’artiste allemande Lin-May Saeed libère un éléphant de ses chaînes et donne à comprendre et aimer les hyènes, une espèce souvent méprisée par l’humain. L’artiste argentin Tomás Saraceno, avec Spider Cube, coopère avec des araignées et révèle leur connexion au vivant et au cosmos. Le Calendrier de la Nature de Marcus Coates délivre chaque jour un « scoop » de la nature, une manière humoristique de comprendre comment vivent les espèces. L’artiste Jérémy Gobé s’est donné la mission de réparer les dommages causés par le réchauffement climatique sur les coraux, avec son projet Corail Artefact.
Le sensibilité des artistes sur les impacts des activités humaines sur la biodiversité, comme les essais nucléaires avec Coconut Lead Fondue et Pacific Fiction de Julian Charrière, la pollution des eaux douces, avec (Flag)River de John Gerrard, ou les effets ravageurs de la déforestation, avec l’installation monumentale lumineuse et sonore qui vit au rythme des données en temps réel de la déforestation en Amazonie, Wither de l’artiste hollandais Thijs Biersteker, favorise la prise de conscience. Parmi les pires catastrophes naturelles liées aux activités humaines figurent les incendies en Australie de la fin 2019 ayant décimé des milliards d’espèces, l’artiste australienne Janet Laurence en crée le Requiem sous forme de vidéo. Abdessamad El Montassir illustre une communauté de destin entre les humains et les plantes dans le désert marocain, subissant les mêmes pressions, capables de la même résilience, avec sa vidéo Galb’Echaouf.
Le travail photographique de Caroline Halley des Fontaines sur les couleurs de la nature de la série Lightscapes, apporte une vibration spirituelle, ouvrant le chemin vers un Tout plus harmonieux. Ce regard plus global inclut aussi les virus, devenus aujourd’hui les bouc-émissaires de la crise sanitaire. L’artiste, designer et scientifique Marie-Sarah Adenis les réhabilite avec Le virus que donc je suis, mettant en scène leur rôle majeur dans l’évolution humaine. Elle renverse également l’image hiérarchisée de l’arbre phylogénique (sur l’évolution des espèces) pour une représentation plus égalitaire dans Tousteszincs.  
Et si, au-delà de sa relation au vivant par sa manipulation, illustrée par X. laevis (Spacelab) de John Gerrard, l’espèce humaine explorait au contraire sa place dans un nouveau paradigme, celui d
e la biocénose, d’une communauté de vivants interdépendants, aujourd’hui tous reliés dans une communauté de destin face à la crise écologique ?

Des partenaires prestigieux

L’Office Français de la Biodiversité (OFB) a mandaté et accordé une subvention à l’association Art of Change 21 pour organiser une exposition d’art contemporain dans les Espaces Générations Nature (EGN) du Congrès Mondial de la nature de l’UICN.

Biocenosis21 a pour partenaires principaux la Fondation Schneider Electric, LVMH, pour partenaires institutionnels, l’Office Français de la Biodiversité et le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères et est soutenue par la Maison Ruinart.

 

Alice Audouin

Juillet 2021

Crédits : Wither, 2019, Thijs Biertseker, photo de l’artiste / The Liberation of Animals from their Cages XVIII / Olifant Gate, 2016, Lin-may Saeed, photo par Wolfgang Günzel / Coconut Leaf Fondue – First Light, 2016, Julian Charrière, photographie, photo par Astrid Gallinat

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