L’un des plus vieux rapports de domination imposé par l’homme aux animaux date d’environ 5000 ans : il s’agit de la sériciculture, la domestication du ver à soie pour les besoins de l’industrie et du commerce de la soie. Ce vers s’est ainsi vu transformé et déformé (hypertrophie du ventre pour produire plus, l’empêchant de voler) devenant totalement dépendant de l’homme. Le projet « Rééducation » de l’artiste Ivana Adaime Makac se propose de « dé-domestiquer » le ver à soie à raison d’une réactivation, une fois par an (au printemps), du cycle biologique de l’insecte. L’expérience vise à mener les vers à soie à passer des étapes (conditions d’accès à la nourriture, efforts déployés pour leur survie, stimulation de leur motricité, etc.) leur permettant de retrouver une vie à l’état sauvage. Ce projet a démarré en 2010 au Salon de Montrouge. Régulièrement exposé, ce long processus se poursuit dans l’atelier, à l’heure où les manipulations des vers se multiplient et où de nouveaux vers à soie génétiquement modifiés produisent désormais du fil d’araignée !

L’artiste argentine Ivana Adaime Makac questionne sur les limites du vivant et sur ce qu’il est possible de régénérer dans les conditions de vie d’êtres vivants ; conditions avec lesquelles, a priori, l’homme n’a pas à interférer. À l’image d’une prothèse, ce projet bienveillant vient soigner une espèce devenue bien trop docile, encourageant tout un chacun à remettre en question l’influence qu’il peut, a pu ou pourrait avoir sur tout ou partie de l’écosystème, plus fragile et plus influençable que l’on voudrait le croire… 

Alice Audouin et Lisa Toubas 

 

Crédit : Ivana Adaime Makac, Rééducation. Studio work, spring 2017

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