L’initiative PST ART du Getty est un événement majeur du monde de l’art de la Côte Ouest Américaine. Programmé tous les cinq ans, il a pour objectif le soutien et la promotion du paysage artistique du Sud de la Californie. Le mois de septembre marque le début de sa troisième édition, sous le thème PST ART : Art & Science Collide, pour une durée de 5 mois. A l’intersection de l’art, de la science et de l’urgence écologique, cette édition explore les mutations technologiques en cours et vient rappeler le rôle de l’art dans la lutte contre les inégalités provoquées par la dégradation de l’environnement. PST ART : Art & Science Collide agit sur deux fronts, la programmation mais également son éco-conception. 

70 expositions reliant science, art, technologie et environnement 

Les 70 expositions que composent le PST ART : Art & Science Collide, regroupant plus de 800 artistes, abordent le changement climatique, l’agriculture durable, la justice environnementale, la biotechnologie, l’intelligence artificielle ou encore les cosmologies autochtones. Ce programme est complété par des activités éducatives, des expositions scientifiques et des projets artistiques participatifs.

Un des partenaires notables de l’événement n’est autre que la NASA : des scientifiques du Jet Propulsion Laboratory ont collaboré avec des artistes comme David Bowen ou Saskia Wilson-Brown afin de présenter des données scientifiques de manière créative et de rendre des sujets climatiques complexes plus accessibles au grand public. Leur travail est présenté dans l’exposition « Blended Worlds : Experiments in Interplanetary Imagination » (21 septembre 2024 – 4 janvier 2025) à la Brand Library & Art Center à Glendale, en Californie. L’installation de Bowen « tele-present wind (Mars version) » présente des tiges d’herbe qui bougent mécaniquement en réponse aux données sur le vent recueillies par le Perseverance Mars Rover, décrivant en temps réel le mouvement des vents martiens qui soufflent à la surface de la planète.

 

David Bowen, ”tele-present wind (Mars version) », 2024 — Photo Credit David Bowen

 

Parallèlement, la première grande exposition personnelle d’Olafur Eliasson à Los Angeles, « Open » (15 septembre 2024 – 6 juillet 2025) présente une nouvelle installation spécifique au Geffen Contemporary du MOCA. Cette oeuvre, dialoguant avec les éléments matériels et immatériels du bâtiment, attire l’attention sur les impacts du réchauffement climatique sur les communautés les plus vulnérables.

Un autre projet notable est « Social Forest : Oaks of Tovaangar », un programme conçu par The Broad et inspiré par l’œuvre influente de Joseph Beuys, 7000 Eichen (1982). The Broad s’est associé à North East Trees, une organisation communautaire à but non lucratif, pour planter 100 chênes indigènes dans le parc Elysian. Cinq chênes seront plantés sur le site sacré de l’ancien village de Kuruvungna du peuple Tongva, situé dans le centre-ouest de Los Angeles, afin de soutenir les efforts de la Fondation Gabrielino Tongva Springs pour restaurer les sources et préserver la culture et l’histoire des Tongva.

 

North East Trees planting crew members in Elysian Park, Los Angeles, 2024. Photograph by Elon Schoenholz Photography, courtesy of The Broad.

De son côté, le Musée d’art Vincent Price de l’East Los Angeles College a conçu l’exposition « We Place Life at the Center », ainsi qu’une publication et une plateforme pédagogique autour de l’artiste Carolina Caycedo. Le musée collabore depuis 10 ans avec elle, sur les impacts de l’extraction des ressources sur les sols, l’eau et  les écosystèmes et la recherche de modèles alternatifs.

Enfin, parmi les autres expositions phares reliant climat et justice sociale, citons également Breath(e): Toward Climate and Social Justice au Hammer Museum, Los Angeles déjà évoqué dans notre article.

Mesurer et réduire l’impact du programme

PST ART ne se contente pas d’explorer des thèmes sociaux et environnementaux à travers ses programmes, il s’attaque aussi activement au défi de la réduction de l’empreinte climatique de la production artistique. Pour accompagner les participants à l’édition PST ART de cette année, Getty et l’experte Laura Lupton ont inauguré au début de l’année dernière le Programme d’impact sur le climat (Climate Impact program) fournissant des conseils ainsi qu’une assistance de suivi d’impact environnemental des expositions et des projets. PST ART encourage les participants à produire un rapport sur leurs émissions carbone, en mesurant tous les aspects de la production d’une exposition. L’ojectif estd e faire de la Californie un Etat pionnier en la matière. 

PST ART : Art & Science Collide s’inscrit d’ores et déjà comme une bonne pratique du secteur artistique à suivre et élargir à l’échelle du pays tout entier.
En tant qu’événement artistique majeur aux États-Unis,  le potentiel de changement à grande échelle et de promotion des pratiques artistiques durables est prometteur.  

Autrices : Nicoletta Caldera et Eliza Morris

Traduction : Sana Tekaïa et Alice Audouin 

Couverture : Getty, PST Art & Science Collide, 2024-2025

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Impact Art News, septembre – octobre #50