En Italie, depuis mi-mai, une nouvelle renaissance émerge, les artistes et les architectes dessinent de nouvelles perspectives et inventent de nouveaux possibles pour répondre à la crise écologique. Loin de chercher une nouvelle mesure de l’homme, ils cherchent une autre relation, notamment avec les non-humains. Une « renaissance sauvage » comme la qualifie le chercheur et théoricien de l’art Guillaume Logé, renait actuellement dans les palais, jardins, galeries, pavillons, à Rome, Venise ou Turin.

Depuis le 7 mai, au PAV (PARCO ARTE VIVENTE) à Turin, l’exposition Sustaining Assembly réunit des artistes internationaux dont les œuvres repensent notre relation à l’environnement. La crise écologique actuelle les amène à imaginer des œuvres en utilisant des énergies non fossiles ainsi qu’en prenant appui sur l’économie circulaire. Des artistes comme Zheng Bo et Mao Chenyu racontent leurs expériences des communautés asiatiques tandis que d’autres tels que Karrabing Film Collective mettent en perspectives les problématiques écologiques en Australie. Le duo d’artistes Bouba Touré et Raphaël Grisey présentent une recherche sur des expériences africaines de Somankidi Coura. Notons que l’installation té égalité fr de Zheng Bo est réalisée avec le soutien du ministère français de la Transition écologique et solidaire.

Depuis le 12 mai, dans le parc de la villa Borghèse à Rome, l’exposition Back to Nature offre un parcours artistique à la découverte de relation entre sculptures, installations et différents éléments naturels. L’œuvre de Loris Cecchini s’insère subtilement dans un arbre, Leandro Erlich propose une installation qui joue sur la perspective. Tomás Saraceno, bien connu pour ses installations fondées sur les architectures de toiles d’araignées, y propose une œuvre digitale interactive. Vers la mi-juin, s’ajoutera à cette exposition, une installation de Michelangelo Pistoletto intitulée Il Terzo Paradiso, dont la forme symbolise les relations entre les hommes, les femmes et la nature, en écho à un futur monde possible.

Ouverte depuis le 22 mai à la galerie Alberta Pane de Venise, l’exposition Waste Archipelago de Gayle Chong Kwan présente ses photographies, installations et œuvres sur papier créées à partir d’éléments organiques et de déchets alimentaires, nous incitant à réfléchir sur l’exploitation des ressources naturelles et sur les questions environnementales.

La 17ème biennale internationale d’architecture de Venise How Will We Live Together? réunit depuis le 22 mai 46 pays. Sous l’impulsion du commissaire Hashim Sarkis, la biennale mêle architectes, artistes, constructeurs, artisans, chercheurs, dans les jardins, à l’Arsenal, à la Forteresse Marghera, mais aussi de manière digitale, et explore un nouveau « vivre ensemble » intégrant pleinement les non-humains.

Crédits : Gayle Chong Kwan, Crysanthi South Africa 2019, series ‘Oil Spill Islands’, galerie Alberta Pane de Venise, 2021 / Giuseppe Penone, The Listener, biennale internationale d’architecture de Venise, 2021

Parmi les temps forts de cette Biennale :
Les temps forts de cette Biennale sont nombreux. Dans l’exposition Future Assembly du Studio Other Spaces (SOS) fondé par Olafur Eliasson et Sebastian Behmann, un grand tapis circulaire réalisé à partir de débris marins recyclés représente la carte d’une assemblée multilatérale. Les parties prenantes y sont élargies aux autres-qu’humains, posant ainsi l’enjeu des droits de la nature et offrant une nouvelle approche du multilatéralisme. À l’Arsenal, des œuvres de nombreux artistes et architectes internationaux répondent à la crise écologique, des frères Bouroullec, du collectif Raumlabor, de Tomás Saraceno, Tomáš Libertíny, Sissel Tolaas, ou encore du studio de design londonien SuperfluxParmi les autres temps forts, citons l’exposition du nouveau collectif de design Labinac fondé par Maria Thereza Alves et Jimmie Durham dans les serres des jardins royaux, ou encore la réplique du Pavillon des Oiseaux de Patrick Berger, première construction à usage des animaux du site architectural éthologique de Grancey-le-Château. Enfin, une œuvre de Giuseppe Penone est visible dans la lagune de Venise, The Listener, un orme qui soutient une lourde pierre et « exprime les notions de fluidité » selon l’artiste. Cette installation in situ relie les éléments naturels entre eux dans une grande poésie.

À partir du 20 juin, ce sera au Castello di Rivoli, près de Turin, d’accueillir une exposition personnelle d’Otobong Nkanga, une artiste qui met du soin là où l’exploitation et les inégalités ont laissé des blessures. Pensé comme une installation in situ, un grand tapis de forme irrégulière inspiré de la malachite, pierre aux propriétés curatives depuis l’antiquité, prend place dans ce lieu historique.

Les lieux patrimoniaux italiens deviendraient-ils le sanctuaire d’un nouvel humanisme ? Témoignant des connexions profondes entre art contemporain et sites historiques, du lien entre présent et mémoire, l’Italie offre un socle essentiel pour penser autrement le futur.

Pauline Lisowski

 

Sustaining Assembly, Parco Arte Vivente, Turin, Italie, du 7 mai 2021 au 24 octobre 2021
Otobong Nkanga, Castello di Rivoli, Rivoli, Italie, du 24 septembre 2021 au 30 janvier 2022
Back to Nature, parc de la villa Borghese, Rome, Italie, du 12 mai 2021 au 25 juillet 2021
Waste Archipelago de Gayle Chong Kwan, galerie Alberta Pane, Venise, Italie, du 22 mai 2021 au 24 juillet 2021
La biennale d’architecture de Venise, Venise, Italie, du 22 mai 2021 au 21 novembre 2021
Future Assembly,
Venise, Italie, du 22 mai 2021 au 21 novembre 2021
ECHOES of the FOREST, LABINAC at Royal Gardens Of Venice, Venise, Italie, du 19 mai 2021 au 5 juin 2021

Mai 2021

Crédits : Michele Guido, exposition Sustaining Assembly, Parco Arte Vivente, Turin, Italie, 2021 / Loris Cecchini, exposition Back to Nature, Villa Borghese, Rome, Italie, 2021

 

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