Une nouvelle génération d’artistes engagés dans l’environnement émerge en France.
Notre équipe éditoriale propose d’explorer quatre grandes tendances au sein de cette jeune scène engagée, à partir des 21 lauréats du soutien Planète Art Solidaire remis par Art of Change 21 (éditeur de ce blog) avec le mécénat de la Maison Ruinart.
Voir aussi les autres tendances :
Les Nouveaux Druides
Les Anthropologues du Bien Commun
Les Composteurs de l’Anthropocène
Comme les scientifiques, les jeunes artistes sondent les extrêmes des échelles du temps et de l’espace, avec une conscience environnementale et un sentiment d’appartenance au vivant favorisant les relations plus intimes et symboliques. Géologie, biologie, physique, les connaissances et outils scientifiques sont mis à profit d’un nouveau récit, moins anthropocène qui défie la place de l’humain et responsabilise l’artiste face à la crise climatique. Tels les premiers scientifiques naturalistes et climatologues, les artistes deviennent voyageurs et explorateurs, du pôle Nord aux terres irradiées en passant par le monde marin. La nature leur offre également des figures analogiques pour interroger la place de l’humain… comme celle du parasite.
Hugo Deverchère, porte son regard sur le cosmos, la terre et ses paysages dans ses dimensions géologiques, chimiques, biologiques mais aussi symboliques. Ses installations mêlent l’organique, le végétal et le minéral dans des protocoles et dispositifs vivants et évolutifs, invitant le visiteur à appréhender des phénomènes qui le dépassent et à remettre en jeu sa relation à son environnement. Son dernier travail de recherche « La Isla de las Siete Ciudades » portait sur des îles disparues dont il recherchait la trace à la fois géologique, biologique et mythologique.
L’artiste Julie Escoffier s’associe avec Héloïse Thouement, ingénieure chimiste/environnement spécialisée dans le domaine des sites et sols pollués, pour former le duo Evernia. Leur recherche à la fois artistique et scientifique se porte sur la relation « parasitaire » de l’humain à la nature, où il se comporte comme un parasite qui à la fois conserve et modifie son hôte. Après avoir créé Le Goût de la forêt, une recette au lichen, elles travaillent autour du projet de recherche appliquée d’Héloïse Thouement, « PHYTOCARB », qui consiste à utiliser les arbres comme capteurs de pollution.
Le projet Corail Artefact de l’artiste Jérémy Gobé part de l’analogie formelle entre un point de dentelle très ancien, et le corail, aujourd’hui menacé par le réchauffement climatique. En 2019, l’artiste démontre que la dentelle en coton biologique est un support potentiel de développement du corail. Une série de nouveaux tests reprendra dès que possible.
Sara Favriau conduit un projet au long cours d’enforestation en collaboration avec l’unité de recherche « Écologie des forêts méditerranéennes » de l’INRAE Avignon. Elle se frotte non seulement au terrain, mais aussi aux enjeux climatiques, écologiques, socio-économiques et sensibles liés à la forêt. Ce projet art-science livre ses résultats sous une forme poétique et sensible : sculpture, performance, pièce de théâtre, film, ou encore un arbre-pirogue qui part en mer…
Marie-Luce Nadal, artiste et chercheuse transdisciplinaire, qui possède un doctorat SACRe (Science, Arts, Création, Recherche) crée des machines-œuvres performatives qui répondent aux phénomènes climatiques et météorologiques qui la fascinent. Comment habiter équitablement ce monde sans détruire la vitalité et la diversité qui sont les conditions premières de notre survie ? Son projet S.O.S (The Skin Of the Sky) soutenu par le Jet Propulsion Laboratory (NASA)y répond en tentant de trouver une armure de protection pour la planète à partir de l’étude de la foudre et des orages secs, aujourd’hui en augmentation.
Crédits photos:
Jérémy Gobé, Corail Artefact-sculpture 6, squelette de coraux dentelle en coton, enduit durcissant écologique, peinture à l’eau sans solvant, ©Thomas Granovsky, courtesy of the artist / Marie-Luce Nadal, Menace et Tremblements, sculpture activable exposée lors de l’exposition collective « Regarder l’agreste paysage », Afiac, 2018 / Hugo Deverchère, La isla de las siete ciudades, exposition à la Galerie Sator Komunuma, Romainville, France, 2021 / Julie Escoffier et Héloïse Thouement, Par l’ombre sensible, l’écriture d’une image, série d’œuvres plastiques sur verre, réalisées avec des pigments réalisés à partir d’éléments issus de la ligniculture
Alice Audouin et Pauline Lisowski
Juin 2021
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