Une nouvelle génération d’artistes engagés dans l’environnement émerge en France.
Notre équipe éditoriale propose d’explorer quatre grandes tendances au sein de cette jeune scène engagée, à partir des  21 lauréats du soutien Planète Art Solidaire remis par Art of Change 21 (éditeur de ce blog) avec le mécénat de la Maison Ruinart. 

Voir aussi les autres tendances :
Les Auxiliaires Scientifiques
Les Anthropologues du Bien Commun
Les Composteurs de l’Anthropocène

Un nouveau mouvement de jeunes artistes engagés dans l’environnement porte un nouvel usage des matériaux dans l’art, n’hésitant pas à les préférer vivants ou utiles pour le vivant (par exemple composables). Inventant de nouveaux rituels, ils dessinent un nouveau paganisme écologique, où le repas, la plantation ou la marche offrent à l’humain une relation plus juste, spirituelle, joyeuse et charnelle entre l’humain et le vivant. En favorisant la reconnexion entre les humains et les non-humains et en prônant le « care » au cœur de cette relation, ces artistes renouent avec une tradition ancienne de recherche d’équilibre mais aussi d’innovation, deux dynamiques aujourd’hui nécessaires pour aboutir à un monde plus durable.

Côme Di Meglio envisage sa démarche artistique comme une aventure spirituelle, activant notre capacité à établir des relations avec le Vivant. Il réalise des installations, des sculptures, des performances et depuis 2018, des repas TransitionFOOD, qui placent l’acte essentiel de manger comme symbole de notre relation à notre environnement. Il développe actuellement un projet architectural inspiré du biomimétisme, à base de mycélium, une œuvre relationnelle, qui par son matériau vivant, sera rendue à la terre.

Chloé Jeanne travaille avec et à partir du vivant et crée des biomatériaux. Ses sculptures et installations mettent en avant des processus naturels qui questionnent la matière, la temporalité, l’échelle et l’espace. Le fait de cultiver ses propres matériaux, comme le scoby, le mycélium ou encore les cristaux, met au centre de sa pratique artistique les notions de laisser faire et réactive le rôle de l’artiste dans la fabrication d’une œuvre.

La démarche de Vincent Laval est celle d’un « artiste-marcheur-cueilleur ». Les branches de châtaigniers utilisées pour sa sculpture monumentale Plus loin dans la forêt, ne sont pas choisies au hasard, l’artiste ne prélève que celles tombées au sol et que le temps a rendues imputrescibles. Les trouver nécessite une grande patience, plusieurs semaines de quadrillage et de recherche… La marche, le temps, l’observation, la connaissance d’un territoire forestier, deviennent ainsi parties intégrantes de la sculpture finale.

Anaïs Tondeur propose de nouvelles manières d’habiter la terre, au travers de marches, d’installations, de photographies, de vidéos ou de dessins. Cette manière plus juste de cohabiter avec les non-humains fait appel à une démarche pluridisciplinaire, fondée sur des collaborations avec des chercheurs en anthropologie, philosophie, géologie ou écologie. Son nouveau projet d’installation et performance se propose de prendre soin de la croissance de graines nées des sols irradiés de Tchernobyl, dans la poursuite de son travail artistique entamé il y a dix ans autour des plantes de la zone d’exclusion de Tchernobyl.

Les œuvres, photographies, vidéos, objets sculptés de Wiktoria Wojciechowska renouent des contacts entre l’homme et la nature. L’artiste propose des expériences performatives, qui s’apparentent à des rituels, nous invitant à ressentir l’énergie et le pouvoir des plantes et des pierres. Elle souhaite réunir les interactions que génèrent ses œuvres en une bibliothèque des traces. Sa série imprint – sculpture est à activer par les spectateurs, qui peuvent les toucher, les manipuler.

Du dessin à la sculpture jusqu’à l’installation in situ, les œuvres de Florian Mermin font écho aux milieux naturels dans lesquels nos cinq sens peuvent être activés. Il utilise des branches de sapin ou des feuilles mortes pour évoquer notre sensibilité à l’environnement. Dans son travail artistique, la nature apparaît à la fois comme lieu de rêve, de merveilles et de peurs.

Alice Audouin et Pauline Lisowski

Juin 2021

Crédits photos :
Côme Di Meglio, MycoTemple, dôme en mycelium, carton et sciure recyclés, en collaboration avec Mycotopia, dimensions 600 x 300 x 300 cm / Anaïs Tondeur, Pétrichor, installation, vidéo HD, couleur, 14” alambic, 56 distillations de terre, collaboration avec l’anthropologue Germain Meulemans, 2016-19 / Wiktoria Wojciechowska, Imprint, face, calcaire et traces fossiles, Oise, France, acier, 170x50x50 cm, 2020 / Florian Mermin, La Promenade, sculpture performative, branches de sapin, carton 130 x 130 x 40 cm, 2020 / Chloé Jeanne, Chardons, lanternes chinoises, plâtre, enduit et colorant alimentaires, dimension entre 60 cm et 10 cm de diamètre, 2017-2018 / Vincent Laval,Cabane, châtaigner 210 x 300 x 200 cm, 2019, ©Jean-Baptiste Monteil

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