Spécial Art & Forêts : portrait de Fabrice Hyber

La forêt occupe une place majeure dans l’œuvre comme dans la vie de l’artiste contemporain Fabrice Hyber, né en 1961.

Lorsqu’il a démarré ses plantations il y a trente ans, sur un terrain qu’il achète avec ses premières économies, c’était une véritable innovation mais aussi un pas de côté vis-à-vis d’un monde de l’art contemporain plus urbain que campagnard. L’idée de planter en Vendée une forêt en semant des graines, afin de mélanger les essences, quelle idée ! Plus de 300 000 graines furent dispersées. Aujourd’hui, la forêt rassemble, entre autres, des séquoias, des frênes, des acacias, des marronniers, des poiriers sauvages, des chênes, tous nés à différentes périodes, démontrant chaque jour pourquoi la monoculture est une FBI (une Fausse Bonne Idée) pour l’humain qui aime contempler, comprendre et ressentir le vivant. Le monde de l’art lui-même vient désormais s’immerger dans cette forêt et se reconnecter à ses signes, ses mystères, son cycle, comme une approche joyeuse, poétique de la vie, dont il était temps de se rassasier.

« Pour moi la forêt est une structure commune à l’homme et la nature, elle est le fondement de la cité et de la pensée. La ville est une copie de la forêt. La pensée aussi, rien ne décrit mieux l’intelligence qu’une arborescence. Et même dans une forêt, il y a des mathématiques ! », explique Fabrice Hyber.

« Rosée » est une œuvre que Fabrice Hyber aime particulièrement. Le tableau est né d’une graine placée au centre. Puis pendant six mois, l’artiste l’a fait grandir, comme une germination, en y posant chaque jour très peu de matière. Des arbres se dressent, puis un monde les entoure. Entre-temps, l’arbre du milieu s’est brisé pour former une clairière, pour qu’entre la lumière. « Je fais du biomimétisme. Je dessine comme les plantes poussent. Je prends une graine et tous les jours, je la fais pousser. La graine est pour moi une question, de laquelle naît quelque chose », explique Hyber. Pour lui, ce tableau est comme une métaphore, celle d’un monde de relations contenu dans un tout et dont la beauté jaillit au rythme de son cycle de vie et de mort. 

 

Alice Audouin

 

Fabrice Hyber a été sélectionné et interviewé dans le cadre d’une collaboration spécifique entre Alice Audouin et l’ONF, pour la Journée Internationale des Forêts 2021 (voir ici).

 

Mars 2021

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