À première vue, il s’agit d’un institut sérieux qui rassemble des zoologistes. Mais à y regarder de plus près, on remarque certaines particularités. Tout d’abord, son fondateur est un artiste, Robert Zhao Renhui. Ensuite, son objet d’étude semble curieux : « tout ce qui est généralement oublié des recherches en zoologie ». Fondé en 2008, cet institut utilise l’expérimentation, la créativité et l’investigation en Asie, mais aussi dans l’océan Indien ou aux État-Unis, pour s’intéresser à la relation homme-nature au travers de cas concrets, comme la dernière vache sauvage de Singapour morte en 2016, les migrations d’oiseaux limicoles dans l’estuaire de la rivière Yalu marquant la frontière entre la Chine et la Corée du Nord, l’éradication des grenouilles qui envahissent les rivières de Taipei, ou encore les interactions homme-nature dans les environnements urbains…
Chaque recherche fait l’objet d’une publication, d’une documentation, d’un récit, ou d’une exposition.
L’institut possède également une collection très atypique, visible sur rendez-vous. Elle rassemble les objets les plus insolites autour de ces animaux : scorpion comestible dans une sucette à la vodka, crabe des montagnes épinglé dans un cadre décoratif, tritons dans un porte-clés…
Cet institut factice et qui ne manque pas d’humour, est le projet sur le long terme de son fondateur. Ancien activiste de la cause animale, Robert Zhao Renhui, né en 1983 à Singapour où il vit et travaille, compte parmi les artistes les plus pertinents de sa génération mais aussi l’un des meilleurs connaisseurs de la biodiversité.
Cette parodie scientifique n’est pas illégitime, à l’heure où la biodiversité et les relations inter-espèces gagnent du sens dans le champ de l’art, comme Michael Wang le démontre aussi dans le numéro 18 d’Impact Art News.
L’Institute of Critical Zoologists s’érige comme un manifeste des plus utiles, sorte de documentaire aux allures de cabinet de curiosités qui explore le vivant confronté aux bizarreries de notre espèce, de l’éradication des espèces estampillées « nuisibles » à la commercialisation de celles qu’on trouve judicieux de transformer en porte-clé. Un projet – oeuvre majeur.
Courtesy of Goodman Arts Centre
Plus d’informations sur Robert Zhao Renhui, ici
Retrouvez l’ensemble des articles d’Impact Art News n°19 – Mai 2020
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